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[Lyon - Villeurbanne] La police entasse des Roms dans les toilettes d'un squat

Depuis I am Spartacus le 30 novembre 2013

"Comment peut-on s’offusquer du racisme contre madame Taubira et dans le même temps approuver celui de monsieur Valls qui est poursuivi pour incitation à la haine raciale contre les Roms ? Il y a quelque chose qui m’échappe."

C’est un tunnel obscur et long de quelques mètres où des enfants noirs de crasse se promènent pieds nus malgré le froid. Les cabanes sont faites de bois et de carton, abris dérisoires qui ne protègent ni du froid ni de l’eau s’infiltrant par le sol les jours de pluie. Dans un coin, quelques morceaux de poulet cuisent sur un réchaud de fortune autour duquel les enfants tentent de trouver un peu de chaleur. Le vacarme des milliers de véhicules qui empruntent chaque jour le périphérique lyonnais est assourdissant.

Une expulsion illégale

Jeudi 21 novembre 2013, plusieurs policiers du commissariat de Villeurbanne accompagnés par un traducteur roumain se présentent sur place et ordonnent aux familles de quitter les lieux. « Vous ne pouvez pas rester ici, vous devez partir » ordonnent-ils. Mensonges. Le Conseil Général, propriétaire des lieux a assigné les familles au tribunal le 18 novembre. La décision est mise en délibéré jusqu’au 9 décembre.

D’un point de vue juridique, rien ne s’oppose donc à ce que les familles qui occupent cet endroit s’y maintiennent au moins jusqu’au 9 décembre. Ensuite, c’est le juge qui décide et donne des délais, ou pas. La police est donc totalement hors la loi en procédant à cette expulsion. Comme très souvent lorsqu’il s’agit des Roms.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Quelques heures auparavant, les mêmes policiers accompagnés du même traducteur se présentent dans un autre squat situé à une quinzaine de minutes à pied.

Ils pénètrent dans la cour de l’usine occupée depuis le mois de juillet 2013 par des familles Roms et réunissent tout le monde.

Ici encore, les policiers violent la loi en pénétrant dans l’enceinte d’un bâtiment privé, sans aucune autorisation, ni du propriétaire, ni des occupants et en dehors de tout cadre légal. Faisant semblant de se transformer en assistante sociale, le responsable des équipages de police va donner une leçon de morale stupéfiante aux familles.

Pendant de longues minutes, il leur explique qu’il y a un peu plus loin une trentaine de leurs compatriotes qui vivent dans le froid. Il leur explique que eux, dans leur beau bâtiment devraient avoir honte de laisser des enfants pieds nus dehors et que finalement, lui, dans sa grandeur de policier de la République a décidé qu’ils viendront s’installer ici, chez eux.

Non, mais on rêve. Vous imaginez la police rentrer chez vous sans frapper et vous imposer des sans-abri qui vivent à côté en vous reprochant de les laisser mourir de froid. C’est exactement ce que fait la police.

Alors que l’Etat à l’obligation d’héberger les personnes sans-abri en vertu de l’article L345-2-2 du code de l’action sociale et des familles, ses représentants obligent d’autres pauvres à les héberger dans des conditions pires encore.

Les familles baissent la tête. Quelques personnes essayent d’expliquer qu’il n’y a plus de places libres. Le policier qui a bien préparé son coup leur réplique : « il iront dans le hangar ».

Le hangar est une annexe inoccupée des bâtiments squattés par les familles déjà présentes. C’est une vaste salle de plusieurs centaines de mètres carrés dont l’extrémité sert de toilettes et de poubelles. Personne n’était venu s’y installer avant que la police n’ordonne aux familles de s’y mettre et de construire leurs cabanes à l’intérieur. Et pour cause.

Avec les températures actuelles, tout le monde a besoin d’un minimum de chauffage ; mais ici, la moindre fumée transforme le hangar en véritable chambre à gaz. L’odeur acre de la fumée imprègne immédiatement les vêtements et prend rapidement à la gorge. Après quelques minutes, la langue picote et les yeux pleurent.

La version policière, elle, est un vrai conte de fées. Les familles du périphérique ont devancé la décision de justice et sont parties sans que personne ne les y oblige. Les habitants du squat, la main sur le cœur, les ont accueillies à bras ouverts.

Les policiers, ne supportant plus la politique du chiffre et les injustices qu’on les oblige à infliger aux Roms, se sont transformées en anges gardiens et ont décidé d’accompagner les Roms pour les protéger. Depuis, ils passent régulièrement et c’est tout juste s’ils ne viennent pas les border le soir. Elle est pas belle la vie ?

Lire la suite :
http://philippealain.blogspot.fr/2013/11/aux-chiottes-les-roms-la-police-entasse.html

Tag(s) : #Migrant-e-s
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