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Lille Nécrople

Depuis La Brique le 27 février 2014

Lille Métropole Habitat (LMH) est l’office HLM de la Communauté Urbaine, premier bailleur de la métropole. Avec environ 30 000 logements et près de 80 000 personnes logées sur 44 communes, LMH représente 25% de l’offre de logements sociaux. Éloigné de ses principes fondateurs de bailleur « social » depuis longtemps, son rôle aujourd’hui est de mettre en œuvre la politique de peuplement de la mifa Aubry. Et pour atteindre ses 161 millions de chiffres d’affaire, chaque locataire est un client comme un autre.

Le parc immobilier de LMH est extrêmement dégradé, notamment parce que c’est le plus ancien. 80% des récriminations collectées par le Service Communal Hygiène et Santé de la mairie de Lille émanent de locataires de LMH. Devant les situations innombrables de logements pourris et insalubres du bailleur, la mairie pourrait, si elle le voulait, publier des arrêtés à son encontre pour réclamer l’exécution de travaux rapides, voire le relogement de locataires des appartements les plus insalubres. Elle ne le fait pas pour une raison très simple : tout est cadenassé.

Pudding aux socialistes

Martine Aubry dirige la mairie de Lille et Lille Métropole Communauté Urbaine (LMCU) dont la commission logement revient à Gérard Caudron, maire « divers gauche » de Villeneuve d’Ascq. LMH est directement présidé par Alain Cacheux, diplodo-socialiste de l’époque de Pierre Mauroy.

Dans le conseil d’administration de LMH on trouve une majorité de personnalités ou d’élus socialistes pour décider, à l’instar d’Audrey Linkenheld, élue PS responsable du service habitat de la ville de Lille [1]. À ce verrou institutionnel, il faut ajouter une dose de népotisme : le responsable d’agence de Lille-Sud est le mari de Linkenheld ; le responsable de l’agence de Moulins est un ancien secrétaire de section du PS... C’est un véritable vase clos.

Alors certes, on trouve bien dans le conseil d’administration de LMH des associations représentants les locataires. La Confédération Nationale du Logement (CNL), par exemple, tente de regrouper les habitant-es face aux bailleurs afin de faire valoir leurs droits. Mais Fabien Podsialo-Régnier, son président, explique que cette présence est « quasiment symbolique avec une voix uniquement consultative ».

La Fibre sociale des gestionnaires

Donc deux poids, deux mesures : l’impunité pour le bailleur, et pour ceux et celles qui ne peuvent plus payer leur loyer, la porte, voire la rue.

« Avec LMH, il y a surtout les problèmes d’expulsions », nous explique Gauthier Ragonnet, directeur de l’APU du Vieux-Lille, une association de défense des locataires. Elle recense de plus en plus de situations d’expulsions venant de LMH : « On a des dossiers au tribunal pour 160 euros de dette. »

Pour trouver des solutions préventives aux expulsions, l’APU n’a « aucun interlocuteur ». La seule alternative a été, en juillet dernier, d’occuper les locaux du bailleur.

Peu avant, Alain Cacheux avait été interpellé sur les expulsions à venir. Il avait alors répondu par une froideur mathématique en avançant 1,3 million d’impayés [2] pesants sur les investissements de sa firme. Une personne qui ne peut plus payer ses loyers est une « défaillance » qui, « si minime soit-elle, génère des complications de trésorerie au niveau comptable ». Dans un discours moralisateur et au mépris de la réalité sociale, il lâchait encore : « le premier devoir d’un locataire est de s’acquitter de son loyer ou tout au moins de démontrer sa volonté d’y parvenir ». Nous y voilà : les mauvais payeurs ne sont pas de bonnes gens acculées, ils sont « de mauvaise foi ». Salauds de pauvres !

Lire la suite :
http://labrique.net/numeros/numero-37-novembre-decembre-2013/article/lille-necropole-habitat

Tag(s) : #Divers Faits
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