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[Mérignac - 23 janv.] Hommage aux victimes des génocides et crimes contre l'humanité

Rassemblement jeudi 23 janvier
12h
Stèle commémorative
Mérignac Pichey Beaudesert

L'affaire Bourdouleix, jugée le 23 janvier 2014 à Angers - Les regrets formulés « qu'Hitler n'en ait pas tué assez », par le député maire de Cholet, à l'encontre d'une communauté de gens du voyage au mois de juillet dernier -, nous rappelle, encore et encore, que la vigilance s'impose en permanence quant au devoir de mémoire et que l'apologie de crime contre l'humanité est encore un délit actuel.

Mais pour qu'il y ait devoir de mémoire, encore faut il que l'histoire soit connue.

Samudaripen, ce nom évoque t-il quelque chose à l'un d'entre nous, parle t-il à la mémoire de nos élites dirigeantes, à celle d'un lycéen qui vient de décrocher son bac ?

Samudaripen c'est le nom de la politique de persécutions et d'extermination menée par le régime nazi sur les populations Rroms, renommées « tsiganes » pour l'occasion. C'est l'apogée de la politique discriminatoire menée sur ces populations et l'extermination de  200 000 à 500 000 Rroms en Europe, soit 25 à 50 % des Rroms d'Europe.

Une volonté d'extermination certaine. Soumises aux lois de Nuremberg sur « la pureté du sang et l'honneur allemand » en 1935, les populations « tsiganes » sont traquées, répertoriées, étudiées par des anthropologues au nom du concept de race pure. Les « Tsiganes » ne méritant pas d'être exterminés, d'après les critères nazis, étaient cependant destinés à la stérilisation forcée.

Massacrés par les Einsatzgruppen, gazés au monoxyde de carbone ou dirigés vers des camps de mise à mort, sujets d'expériences médicales, les Rroms ont durement souffert pendant ces années noires.

Dans la France à l'heure de Vichy, une politique d'internement, décrétée bien avant l'occupation, sera menée à leur encontre, politique d'internement qui ne se terminera qu'en 1946, deux ans après la libération. Les « Tsiganes » avaient été oubliés.

Samudaripen, c'est surtout un génocide qui n'a jamais été jugé.  Sa reconnaissance par l'Allemagne ne se faisant qu'en 1979, aucun des grands procès pour crime contre l'humanité ne l'a pris en compte. C'est un génocide qui n'a pas fait cesser les persécutions.

Comme le rappelle « L' Encyclopédie de la Shoah » du Mémorial de l'holocauste à Washington

« Après la guerre, la discrimination contre les Tsiganes continua à travers l'Europe centrale et orientale. La République fédérale d'Allemagne décida que toutes les mesures prises contre les Tsiganes avant 1943 étaient des mesures officielles légitimes prises contre des personnes ayant commis des infractions pénales, et non le résultat d'une politique inspirée par des préjugés raciaux. Cette décision ferma la porte à tout dédommagement pour des milliers de victimes tsiganes qui avaient été incarcérées, stérilisées de force et expulsées d'Allemagne alors qu'elles n'avaient commis aucun délit. La police criminelle bavaroise reprit même les dossiers de recherche du régime nazi, y compris le fichier des Tsiganes ayant résidé dans le Grand Reich allemand. «  

Ces faits sont la réalité de l'égard fait aux Rroms.

Rroms, gens du voyage, manouche, gitans, tsiganes, bohémiens, romanichels, quel que soit le nom que l'on donne, il continue de refléter les persécutions et les préjugés.

Soumis à nombre de lois et d'édits, à des politiques discriminatoires, persécutés en France depuis le  « Code noir » de Colbert, l'oppression du peuple Rrom n'a jamais cessé à travers l'histoire, pour les mêmes raisons, les mêmes principes, les mêmes clichés

Racialement inférieur pour les nazis, socialement inférieur aujourd'hui, voleurs, de poules, d'enfants ou de métaux, sales, non-intégrables, inadaptés, ces propos sont ceux qui continuent de justifier la discrimination envers des hommes et des femmes innocentes.

La réalité c'est aussi des pogroms en règle qui continuent, organisés comme en Italie - Opéra, un mois de pogroms -, ou plus spontanés comme à Marseille, sous le regard complice des forces de l'ordre, justifiés par l'exaspération des honnêtes citoyens vis à vis de ce « sous- peuple de voleurs et de mendiants »

Dans une discussion parlant positivement de cette communauté, arrive immanquablement le « mais ».

Suite à l'affaire Bourdouleix, les réactions de nos politiques ont été effarantes. Condamnant certes les propos mais entachant leurs indignations de justifications abjectes, nombreux a s'accorder sur l'existence d'un problème Rrom.

Problème Rrom, terme admis. Voleurs, sales, et non-intégrables, clichés et lieux communs acceptés. Mais remplaçons une seule fois le nom Rrom par celui de n'importe quelle autre communauté d'êtres humains et nous constatons aussitôt combien ces idées sont intolérables.

L'affaire Bourdouleix a également ceci d'édifiant, qu'aucune association de lutte contre le racisme en France ne s'est porté partie civile, le racisme anti Rrom ne mérite pas que l'on poursuive en justice.

Ce sont aussi des propos tenus par un élu du peuple, un homme politique porte parole de mouvement, député, maire, cofondateur d'un parti centriste. Des propos pour lesquels il n'a exprimé aucun remord, se justifiant de les avoir prononcés.

La responsabilité des hommes politiques doit être totale, se revendiquant la parole du peuple, ils ne peuvent librement exprimer des appels à la haine, véritables appels aux meurtres au vu des précédents.

L'affaire Bourdouleix, c'est aussi celle d'un homme qui, malgré l'infamie de ses paroles, n'hésite pas à se représenter comme candidat à la mairie de Cholet alors que la moindre voix portée sur ce nom les avaliserait comme respectables.

Cholet, à une cinquantaine de kilomètre de Montreuil-Bellay, camp où les « Tsiganes » furent internés pendant la Deuxième Guerre mondiale et oubliés jusqu'en 1946, ne devrait pas pouvoir oublier.

L'affaire Bourdouleix est là pour nous rappeler que la mémoire ne peut pas être sélective, qu'il n'y a pas d'échelle dans la souffrance, la persécution et la volonté d'extermination d'un peuple. A cette occasion, rendre hommage et rallumer la flamme de la mémoire ne peut être qu'un acte citoyen.

En nous rassemblant sur les lieux de mémoire, le 23 janvier, à Mérignac, là où se tenait le camp d'internement des Tsiganes d'Aquitaine, à l'emplacement de la plaque commémorative dont la première gravure en 1985 avait oublié de mentionner les « Tsiganes », nous rappellerons que le droit à la vie et à la dignité, à la prise en compte des souffrances collectives est valable pour toutes les communautés d'êtres humains.

Nous rappellerons surtout qu'une démocratie qui continue de persécuter en toute légalité un groupe de personnes, à cause de leurs penchants délinquants ou de leur non-intégrabilité, qui  les considère, encore aujourd'hui comme socialement inférieur, ne fait que prolonger les heures sombres d'une Europe sous la botte nazie.

Une preuve supplémentaire qu'elles n'ont en rien servi de leçons et que la xénophobie, la discrimination et l'idée d' un  peuple dangereux  et ennemi sont encore en vigueur, souvent orchestrés par les états même qui se prétendent démocratiques ou patrie des droits de l'homme.

Tag(s) : #Agenda
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